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3ème Colloque de Chicago

Tout récemment, j’ai eu l’occasion d’assister à un séminaire à Chicago, au cours duquel un intervenant a tenu un discours très étonnant au vu de l’actualité, complètement à rebrousse-poil de la mouvance actuelle. A tel point que je ne pouvais résister à l’envie de vous en faire un petit résumé circonstancié.
Il expliquait très simplement que la manière la plus rapide de rendre plus égale la répartition du revenu mondial consisterait en fait à autoriser une liberté de mouvements migratoires entre pays. Les résidents des pays pauvres pourraient ainsi aller chercher ailleurs des revenus plus élevés. Et, en émigrant, ils augmenteraient le capital et la terre par travailleur pour ceux qui resteraient.
Même si, au regard de l’actualité, le propos semblait ahurissant, il expliquait cependant que cette idée n’est pas totalement fantaisiste. Les imigrations massives d’Europe vers les Amériques et les colonies au XIXe siècle et au début du XXe représentent un mouvement d’égalisation du revenu de ce type. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les grands mouvements migratoires ont été temporaires, même si le passage constant (illégal) des Mexicains de l’autre côté de la frontière des États-Unis constitue une exception notable. Les émigrations provisoires de main-d’œuvre ont été plus fréquentes en Europe (surtout vers l’Allemagne occidentale). Elles ont touché les Yougoslaves, les Grecs et les Turcs, dont les pays ont tous bénéficié de fonds envoyés par les travailleurs immigrés à leurs familles. De même, l’Égypte, l’Inde et le Pakistan reçoivent des fonds importants des travailleurs provisoirement installés à l’étranger (surtout dans le Golfe persique).
Toutefois, l’immigration n’est pas libre et dépourvue de toute entrave dans les pays riches aujourd’hui. En réalité, les travailleurs immigrés sont même souvent interdits de séjour. Une différence entre la situation actuelle et celle qui prévalait lors des mouvements migratoires massifs du XIXe siècle réside dans le fait que les pays riches sont désormais dotés de systèmes coûteux d’assistance sociale et de santé publique. En dehors de tout argument ethnique ou religieux, les opposants à l’immigration déclarent que les résidents en place finiraient par subventionner des immigrés non qualifiés qui passeraient l’essentiel de leur vie à recevoir une aumône publique. Les États-Unis ont eu une croissance extrêmement rapide à l’époque des grandes vagues d’immigration. Avec les économies d’échelle, il n’est pas évident que les résidents en place perdent inévitablement en accueillant des immigrants. Quoique fascinante, la question était cependant largement académique. A l’heure actuelle, il n’y a guère de perspective que les gouvernements des pays riches autorisent une immigration à grande échelle, surtout celle qui proviendrait des pays les pauvres au sein de l’économie mondiale.
Cette migration séminaristique a en tout cas été l’occasion d’une très belle escapade, et nous avons bien profité des lieux après nos séances de travail. D’ailleurs, je vous mets en lien le site de l’agence qui a mis en place ce séminaire : leur sens du détail m’a plutôt impressionné, à certains moments. Retrouvez plus de renseignements sur l’organisateur de ce séminaire à Chicago.